À la mi-juin ma sœur et moi nous sommes promenés sur les rives de la Massane. C'est une promenade très agréable, mais aussi très courte — donc adaptée à ma sœur — qui est répertoriée sur le « guide de randonnée transfrontalier » des Albères1 au numéro dix, « la Massane au fil de l'eau ».
J'y étais déjà allé l'année dernière, et j'avais essayé de monter jusqu'à la réserve (de la Massane bien sûr) en suivant la rivière. Surtout ne m'imitez pas, il vaut mieux passer par la tour (de la Massane, vous suivez ?) de par l'autre côté depuis le château de Valmy ou le Rimbau. En plus, cette année il avait beaucoup plu, et on ne pouvait pas traverser les cours d'eau à gué.
J'y ai fait trois « découvertes » intéressante. Une fois n'est pas coutume, je parlerai plus d'entomologie que de botanique.
En premier lieu, pendant que nous pique-niquions2, un groupe de points argentés qui glissaient sur l'eau à vive allure au bord de la rivière a attiré mon attention. Cela ressemblait bel et bien à des insectes, mais ils étaient très difficiles à observer, de sorte que nous avons bricolé un piège en coupant une bouteille d'eau par la moitié, pour ensuite prendre quelques photos, certes de mauvaise qualité vu que nous ne disposions que d'un téléphone, et des vidéos, qui donnent une idée de leur rapidité (se référer à la fiche d'observation : cliquez sur l'image correspondante en-dessous de ce billet). Ils étaient vraiment amusants à observer ; il semblait s'agir de faune extraterrestre qui se serait échappée d'un épisode de Stargate. Cette image de la Wikipédia anglaise se rapproche de la perception que j'en ai eue (l'eau de la Massane est plus propre, cela dit).
À ce qu'il semblerait il s'agit de Gyrinus, gyrin en français ; je ne prétends pas être en mesure de déterminer l'espèce, mais le plus courant a l'air d'être G. natator. Ils chassent d'autres insectes, et comme je viens de le souligner sont d'excellents nageurs, qui restent en groupe et passent le plus clair de leur temps à décrire des courbes resserrées. Qui plus est, ils ont une particularité biologique intéressante : chaque œil est dédoublé, une moitié sous l'eau et une autre au-dessus ; ce doit être pour ça qu'ils sont si difficiles à attraper !
Au point le plus éloigné de la promenade, j'ai trouvé quelques Serapias lingua derrière une pierre. C'est un classique, répertorié à bien des endroits de la plaine du Roussillon3, toujours agréable à observer toutefois. Je ne sais pas si c'est dû à mon intérêt pour les orchidées ou si elles possèdent réellement des caractéristiques qui les rendent objectivement différentes du reste des espèces végétales, mais elles me sautent toujours de suite aux yeux.
Finalement, à quelques centaines de mètres de la voiture, nous avons photographié une chenille orange de belle taille. Je pense qu'il s'agit d'Hyles euphorbiæ, en français sphynx de l'euphorbe. Les couleurs doivent varier passablement d'un individu à l'autre comme on peut le constater sur ces images, cette page de l'Académie de Lyon et ces pages en allemand. Ce qui est acquis, c'est son appartenance à la famille des Sphingidæ, comme le démontre la corne du dernier segment.
La prochaine fois j'irai jusqu'à la réserve. Parce que oui, sur le territoire municipal d'Argelès il y a une réserve naturelle mais personne n'en parle, ce serait pour la « protéger »4 ; à moins que ce ne soit par paresse.
Vous voyez que les catalans sont citoyens du monde, n'est-ce pas ? ↩
Note d'un catalan rebelle et hostile à certains illogismes flagrants de la langue française : « dîner » devrait signifier « prendre le repas de midi » comme dans un certain nombre de langues latines raisonnables. Ah mais ! ↩
Voir Jean-Marc Lewin, Atlas préliminaire des orchidées des Pyrénées-Orientales 1993-1997, édité par Naturalia Ruscinonensia en 1998. Je ne sais pas ce qu'est devenue cette revue ni s'ils ont continué à publier. ↩
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