À la fin du mois de juillet, je suis monté sur le Canigou avec un ami. J'ai quelque peu tardé, il est vrai, à écrire cet article de blog ! Nous nous sommes garés au col de Jou à neuf heures et demie ; il était possible de conduire jusqu'au parking du Randé un peu plus haut, mais à quoi bon, nous avions des jambes, et comme on dit dans une famille du Conflent que je ne désignerai pas, « l'ase és la sola votura que fa pas cagar » (et d'âne, nous n'en avions guère).
Nous avons de ce pas traversé traversé un bois agréable, en suivant un chemin longeant un petit canal, un de ces petits ruisseaux du Canigou qui charment le cœur des roussillonnais, plus habitués à des oueds à sec la moitié de l'année comme le Rart, ou à des choses douteuses comme la Fossella ou l'Agulla de la Mar. Au bout d'un moment, peut-être trois quarts d'heure, peut-être quatre quarts, le chemin débouche sur Mariailles, un pré à quelques 1700 m d'altitude, d'où l'on jouit d'un ample perspective, marquée par le refuge, un ruisseau nommée la Llipodera, et le précipice de la vallée du Cadí. Pour beaucoup, il s'agit du point de départ de l'ascension du Canigou, ce qui représente 1000 m de dénivelé ; nous en avions déjà monté 600.
La végétation change alors progressivement, évidemment, jusqu'à ce que l'on ne trouve plus que des conifères. Nous suivons plus ou moins la vallée du Cadí, cherchons notre équilibre à la traversée des ruisseaux. Arrivés au refuge Arago — qui est fermé en ce moment, il est vrai qu'il semble être vraiment en mauvais état —, les arbres, désormais superflus, cèdent le pas à une végétation basse, et à la présence inévitable de la cime. On aperçoit quelques petits étangs, dont nous n'avons guère pu nous approcher, qui doivent être, à en croire mon sens infaillible de l'orientation, les gorgs del Cadí.
Ce jour-là, la langue officielle était le catalan1, parlé principalement par des gens du sud de la ligne de démarcation, de sorte qu'il n'y avait guère à hésiter entre salutations franchimanes et la langue propre. Une fois au sommet, après une brève phase de semi-escalade par la « cheminée », la croix était couverte de drapeaux catalans. Ah oui, parce que, dressée sur la cime du Canigou, peut-être pour arrondir les quelques 2784 m d'altitude à 2785 m, ou pour attirer encore plus facilement la foudre, on trouve une croix en fer forgé. Je ne sais comment ils s'y sont pris pour trimbaler cet objet insolite, mais ils l'ont fait. Et il faut bien reconnaître, comme je disais, qu'elle est bien pratique pour y suspendre drapeaux ou autres textiles.
Cela dit, il faut savoir que, si la température était favorable la plus grande partie de la montée — il faisait environ 23 degrés —, il faisait très froid au sommet, et nous avons été bien obligés de le supporter ; de surcroît, il n'y avait aucune visibilité, et il est fort dommage que mon ami, originaire de la France profonde, n'ait pas pu apercevoir le paysage.
Vous pouvez admirer ci-contre quelques clichés pris ce jour : un Tourangeau brandissant fièrement son drapeau — profitez-en, les représentations d'êtres humains sont plutôt rares sur ce blog —, et quelques vues de ce que j'identifie de manière assez péremptoire comme étant les Gorgs del Cadí et le pic de Tres Vents. Un de ces jours je me déciderai à àjouter un peu de JavaScript pour améliorer la présentation des images. Ci-dessous, comme d'habitude s'agissant d'une randonnée, vous trouverez une liste de quelques observations à caractère naturaliste faites ce jour. Cliquez sur le taxon pour en voir toutes les occurrences sur ce site web, et sur l'image pour consulter l'observation faite lors de l'excursion. Cette présentation vous est offerte par d'excellents modules Drupal tels que Node Reference URL et Views Attach.
Tiens, il ne me semble pas possible de rendre le terme catalanesc dans la version en français. ↩