À la fin du mois de mai, j'ai profité du beau temps pour faire découvrir à ma famille le village de Perellós, près d'Opoul1, dans les Corbières. C'est le point le plus septentrional du pays, la limite avec l'Occitanie se trouve à quelques centaines de mètres. Je l'expliquerai peut-être plus avant sur ce site, mais l'Occitanie m'a fasciné vers dix-sept ans. Je n'en revenais pas qu'on ait pu me cacher jusqu'à son existence ! De fait, si vous ouvrez un livre d'histoire approuvé par le ministère de l'éducation français, vous vous rendrez compte que, quand bien même il est vaguement fait allusion aux troubadours, on n'explique pas quelle était leur langue, ni qu'ils ont été les acteurs d'un mouvement littéraire important dans une bonne partie de l'Europe : c'était la première littérature en langue vulgaire !
Ce lieu me fascine, d'abord, donc, parce que c'est un morceau de Catalogne qui touche de très près l'Occitanie, à l'atmosphère résolument médiévale, et aussi pour son aspect déconcertant de molaire attaquée au fil des ans par une tramontane implacable2, au beau milieu de ce massif calcaire qui, malgré son aridité, attire l'attention depuis Perpignan, du fait des jeux de lumière changeants qui en font ressortir les monts arrondis et la blancheur presque aveuglante.
Au château de Perellós — un bon roussillonnais prononcera Perillús [pəɾi'ʎus]3 —, vous pourrez donc monter sur la forteresse, recréer mentalement la vie telle qu'elle était plusieurs siècles en arrière — ou telle que vous auriez aimé qu'elle fût —, vous abîmer dans une cave cachée par quelque arbuste, errer dans ce qui devait être un village plutôt actif. Mais peut-être que, de cet oppidum impénétrable, vous reviendrez à la réalité la plus immédiate et à la mortalité.
Et c'est ainsi que j'ai immortalisé une orchidée qui poussait sur le bord de ce plateau. Elle s'appelle — peut-être, je n'en suis pas sûr — Anacamptis pyramidalis ou Orchis pyramidal. Vous pouvez en consulter la fiche ci-dessous.
Pour revenir au lieu en soi, il faudrait aussi parler du village de Perellós, qui se trouve à quelques kilomètres et qui a été abandonné au milieu du vingtième siècle.
Òpol en catalan. ↩
Et aussi par des humains qui lui ont volé quelques pierres, sait-on jamais. ↩
Du fait, précisément, de l'influence de l'occitan qui en Roussillon se fait sentir jusqu'aux Albères, comme dans une bonne partie de la Catalogne Nord, par exemple en Conflent et en Capcir, vous pouvez le vérifier par vous-même sur l'atles interactiu d'entonació del català, bénis soient ses créateurs. ↩