La réaction face au coronavirus, la panique, voire l'hystérie, sont incompréhensibles. Il est assez impropre de parler de reprise de l'épidémie, qui en réalité ne fait que progresser à un rythme variable. On ne peut éviter les décès : lorsqu'on parlait d'aplatir la courbe, il s'agissait de les reporter à plus tard, pour limiter le pic épidémique et la saturation du système de santé. On a l'impression que les gens et même les politiques attendent les vaccins comme le Messie, que ce soit par naïveté, ou par lâcheté, parce qu'ils ne veulent pas admettre qu'il y aura nécessairement des morts.
En vérité, nous ne savons pas si nous finirons par en disposer, et si tel est le cas, quand : en fin d'année, en 2021, ou en 2022, ce qui serait déjà très rapide ? Quand bien même, ils ne seront qu'un outil : il va de soi qu'on ne vaccinera pas la moitié de la population en trois mois ! Il faudra d'abord évaluer les premières campagnes (effets secondaires, bénéfices et risques), avant d'en lancer d'autres. Si le virus décide de rester, cela pourrait durer des années ! Continuerons-nous à nous cacher, à accuser de manière aussi éhontée les jeunes de propager l'épidémie et à les stigmatiser ? On a commencé par dire que l'économie passait après les gens (ce sur quoi je ne suis pas d'accord). On dirait que maintenant scolariser les jeunes aussi soit secondaire1.
Il est très curieux et même préoccupant qu'on laisse de côté l'immunité acquise au fur et à mesure, voire même que l'on fasse campagne à l'encontre de ce concept. On met sur le devant de la scène des épidémiologistes d'un certain profil idéologique, en oubliant les autres. Les épidémiologistes sont comme les économistes : ils ne sont pas d'accord sur tout, et nous pouvons appliquer ou non leurs préconisations. On voudrait cacher qu'in fine nous avons à prendre des décisions politiques, tout en prétendant qu'il n'y a pas d'alternatives (TINA, voir cet article de Thomas Harrington (en catalan)).
Pendant ce temps on liquide une bonne partie de ce qui faisait la richesse de notre société. Il semble qu'il n'y ait plus qu'une priorité, alors que l'on sait que la politique nécessite de faire face à de nombreux problèmes à la fois. Nous sommes devenus une société immature qui rejette de manière stérile l'idée de sa propre mortalité.
En 1968 et en 1969, en pleine grippe de Hong Kong, la jeunesse explose. Cinquante ans plus tard, nous avons très peur de vivre.
Je fais ici surtout référence à la situation en Catalogne et à certaines discussions abracadabrantesques quant à la reprise des cours en septembre. ↩