Il y a des jours où on a des idées pour le moins curieuses. Nous avions prévu de monter sur la Pique d'Endron en Ariège, au-dessus de Vic de Sòs (français Vicdessos, ce qui est un barbarisme du même acabit que Castelnaudary). Il va de soi cependant que dans ce pays l'eau est omniprésente, et il fallait bien sûr qu'il pleuve des cordes juste ce jour, nous avons donc changé de plan et sommes restés à basse altitude.
L'Ariège, comme la part pyrénéenne de la Catalogne, et de manière générale l'est des Pyrénées, est le pays du fer. Des mines du Rancier, comme à Batère ou à Mantet, on extrayait ce minerai jusqu'en 1929. Depuis le Cabré, en aval de Vic de Sòs, on peut suivre un chemin qui longe tout d'abord cette fantastique cascade du Carracou, et ensuite mène aux entrées des mines qui ont été creusées siècle après siècle. Les entrées les plus anciennes sont situées le plus en altitude, il y a même tout en haut des traces d'exploitation datant du néolithique.
Aujourd'hui le bois a retrouvé son expansion maximale, mais il faut garder à l'esprit que, il y a cent ou cent cinquante ans, avec le pastoralisme et le fonctionnement des mines — les forges dites « à la catalane » dont on se servait également en Ariège consommaient un volume astronomique de bois — il ne restait pour ainsi dire plus un arbre, si bien qu'on finissait par porter le minerai en Coserans pour le traiter. Aujourd'hui le problème est inversé ; comme le bois n'a plus guère de valeur économique, les propriétaires ne nettoient plus les forêts, qui représentent un danger pour les villages alentours.